Chaque mois, BAM, le magazine des Biens, de l’Art et de la Manière, met en lumière une personnalité inspirante. Pour ce numéro spécial consacré à l’art de vivre, le choix de Joris Hadj s’est imposé naturellement. Entre élégance, transmission et passion pour l’excellence, il incarne à merveille les valeurs que nous souhaitons partager avec nos lecteurs.
À 33 ans, Joris Hadj occupe une place unique dans l’univers du luxe et de la transmission. Directeur de salle au prestigieux Cercle de l’Union, un club privé lyonnais fondé en 1917, il jongle avec brio entre ses responsabilités professionnelles et sa passion pour l’enseignement. Depuis 2019, il incarne l’élégance des traditions françaises tout en les partageant avec les jeunes générations, notamment en enseignant les « codes du luxe et le savoir-être » dans plusieurs écoles de commerce, ainsi que l’« art oratoire, éloquence et prise de parole en public » à l’université.
Cette vocation pour la transmission est inscrite dans son histoire familiale : fils d’un professeur d’économie et d’une proviseure de lycée, Joris Hadj a grandi dans un environnement valorisant le partage des connaissances. Si sa carrière d’enseignant a débuté par un heureux hasard, l’enseignement est devenu une passion qui occupe une place croissante dans sa vie, au point de réduire son activité au Cercle pour mieux s’y consacrer.
En septembre 2024, il publie «Frappez et l’on vous ouvrira» : l’art et la manière d’intégrer le monde du luxe. Cet ouvrage, fruit de ses années d’expérience, décrypte les exigences et les subtilités du secteur, offrant une boussole à ceux qui rêvent d’y entrer.
Au fil des ans, Joris Hadj a perfectionné son expertise du luxe, inspiré par son mentor Charles-Henri Latard. Aujourd’hui, il transmet ces valeurs d’excellence et de savoir-faire français à travers ses activités, guidant la nouvelle génération avec passion.
“Votre table doit refléter votre personnalité ”
Haut : bouquets de chez Les Imparfaits
BAS : Sel et poivre Alfredo de chez Georg Jensen & Nappe Bosphore, Le Jacquard Français, Yves Delorme
Douceurs de Noël de la chocolaterie Voisin
Photophore Bernardaud en biscuit de porcelaine, motif de Boiserie
Frappez et l’on vous ouvrira
Joris Hadj-Rabah
Éditions du Palio
16 €
Partagez-nous svp quelques astuces pour faire une belle table ?
Une belle table, c’est l’incarnation de l’art de vivre à la française, c’est un peu comme composer une toile : chaque élément a son rôle, de la nappe à la salière, en passant par les verres et les couverts.
Personnellement, j’apprécie les nappes de Garnier Thiebaut, mais également les versions plus audacieuses d’Yves Delorme qui donnent tout de suite le ton. Si les couverts suivent les règles classiques, on peut toutefois se permettre une pointe de créativité, sans oublier la symétrie : les fourchettes à gauche, les couteaux à droite, avec la lame tournée vers l’assiette.
Concernant la verrerie, je préconise Baccarat pour les grandes occasions ou des modèles épurés de chez Spieghelau pour les amateurs de vins. Ils se placent en diagonale, en commençant par le verre à eau, puis les vins, et éventuellement la flûte à Champagne.
Le sel et le poivre sont souvent négligés, optez pour de jolies pièces en cristal ou des modèles design de chez Georg Jensen. Je suis amoureux de l’univers de cette Maison danoise.
Enfin, pour le centre de table qui est la cerise sur le gâteau, choisissez un bouquet discret, avec des fleurs de saison. Et si vous voulez vraiment impressionner vos invités, une pièce vintage ou un héritage familial peut devenir l’élément central de la table.
Pour l’histoire, il faut se souvenir que l’art de la table trouve ses origines dans les banquets du Moyen Âge, où festins et spectacles s’entremêlaient pour impressionner par leur opulence. Aujourd’hui, l’accent est mis sur un luxe discret, mais une belle table reste un symbole d’hospitalité et de partage. Il s’agit de marier tradition et modernité tout en s’amusant : votre table doit refléter votre personnalité.
Quel est le B.A.-BA d’un plan de table réussi ?
Le plan de table, c’est l’équilibre parfait entre stratégie et diplomatie ! C’est bien plus qu’une question de qui s’assied où : c’est une véritable orchestration sociale, où chaque place raconte quelque chose et contribue à l’ambiance du repas.
Avant tout, prenez le temps de bien cerner vos convives. Qui s’entend bien avec qui ? Qui risque de transformer une conversation banale en débat houleux ? L’objectif, c’est de créer un climat détendu, propice à l’échange.
Ne négligez pas quelques règles un peu plus formelles : l’hôte ou l’hôtesse se place au centre ou en bout de table, les invités d’honneur sont placés à la droite et à la gauche de l’hôte principal, et tentez d’alterner les hommes et les femmes, dans la mesure du possible. Si le dîner est moins formel, adaptez selon les affinités. Après tout, dépoussiérons les règles du protocole !
Quels sont, selon vous, les 5 usages incontournables à respecter pour une réception réussie ?
Un sourire vaut mille mots, aussi dès l’arrivée de vos invités, l’accueil doit être chaleureux, mais sans en faire trop.
La ponctualité… de l’hôte et des invités. En tant qu’hôte, soyez prêt au moins 15 minutes avant l’heure indiquée. Pour les invités, si vous êtes convié à 20h, arrivez entre 20h10 et 20h15.
Le placement : bien plus qu’un détail ! Evitez de placer côte à côte des personnes exerçant le même métier, ou, au contraire, des personnes qui n’ont rien en commun, puis ajoutez un convive qui sait briser la glace près des plus réservés.
Les couverts et les verres : une chorégraphie discrète qui respecte les codes sans surcharger la table.
L’art subtil de conclure. Ne laissez jamais vos invités dans l’incertitude. Une fois le repas terminé, proposez un digestif ou un café pour signaler doucement la fin de la soirée.
Le faux pas, à ne surtout pas faire ?
Que vous soyez hôte ou invité, le véritable faux pas, c’est de ne pas participer à l’instant présent, être dans vos pensées ou laisser vos problèmes personnels vous envahir. Une réception est un moment de partage et d’échange : oubliez vos soucis, soyez là, vraiment, intensément, et laissez-vous porter par l’art de recevoir. Après tout, ce sont les sourires et les rires qui restent dans les mémoires, bien plus que la disposition des couverts !
Que faire lorsqu’il y a plus de femmes ou d’hommes parmi les invités ?
Rassurez-vous, ce n’est pas un drame. Dans l’idéal, on alterne mais quand ce n’est pas possible, mieux vaut adapter que forcer. Jouez sur les affinités, les intérêts communs ou les personnalités complémentaires. Une table bien pensée n’a pas besoin d’une alternance parfaite pour être agréable !
Être 13 à table, est-ce vraiment un problème ?
Ah, le fameux «tabou du 13 à table» ! Une superstition qui traverse les siècles et les cultures, mais qui, soyons honnêtes, fait surtout sourire aujourd’hui. Est-ce réellement un problème ? Tout dépend de votre public et de votre approche.
L’idée que le chiffre 13 porte malheur remonte à des traditions anciennes. Le dernier repas du Christ, la Cène, comptait 13 convives, et on sait comment ça s’est terminé pour l’un d’entre eux… Ajoutez à cela les croyances païennes où le 13 était associé à l’inachevé ou au déséquilibre, et voilà comment une légende s’installe. Pendant des siècles, cette peur a influencé les réceptions, notamment chez les aristocrates.
Le détail qui rend la table élégante ?
Les bougies ! Elles ne servent pas seulement à éclairer, elles apportent une lumière douce et chaleureuse qui transforme l’atmosphère. Les bougeoirs Baccarat ou Lalique, par exemple, offrent une transparence et une brillance qui subliment une table. Pour un style plus épuré, les pièces en métal poli de chez Christofle ou en porcelaine de Bernardaud apportent modernité et élégance.
Que faut-il apporter pour remercier de l’invitation ?
Des fleurs restent un symbole de remerciement et d’élégance. Préférez un bouquet sobre mais chic, idéalement acheté chez « Les Imparfaits » Lyon 2e. Le summum de l’élégance, le faire livrer au préalable afin que votre hôte ne soit pas encombré lorsque vous lui offrez.
Des chocolats de chez Voisin évidemment, ou des macarons Ladurée ou Pierre Hermé sont également parfaits. Cependant, il ne faut pas amener le dessert : cela signifie indirectement que vous n’êtes pas certain de diner convenablement chez votre hôte.
Si vous connaissez bien votre hôte, un cadeau qui reflète ses goûts est toujours une belle idée : un livre sur un sujet qu’il affectionne, une bougie parfumée (comme Diptyque ou Cire Trudon), ou même une huile d’olive haut de gamme pour les amateurs de cuisine. Je trouve particulièrement excellente celle du domaine d’Olivier Ginon (Panéry).
Faut-il ouvrir la bouteille que l’on nous offre ?
La tradition voudrait que la bouteille soit ouverte, afin de montrer sa gratitude et d’honorer le geste de la personne qui l’apporte. Cependant, plusieurs nuances viennent compliquer cette règle. Tout d’abord il est de bon, pour un souci d’harmonie, de prévenir à l’avance de votre geste pour que le vin puisse être accordé avec le menu.
Si vous avez déjà prévu une sélection de vins carafés ou parfaitement assortis au repas, ouvrir une bouteille non prévue pourrait rompre l’équilibre soigneusement pensé. Dans ce cas, il est tout à fait acceptable de remercier chaleureusement et d’expliquer que cette bouteille sera mise à l’honneur à une autre occasion. Charles-Henri Latard, gérant du Cercle de l’union m’a indiqué que dans le cas précis où il a déjà carafé une bouteille, il met un post-it avec le nom de la personne sur la bouteille offerte avant de la ranger dans sa cave, pour l’ouvrir lorsqu’il invitera à nouveau cet ami. L’élégance par excellence !
Peut-on lancer ses invitations par sms ? Et en combien de temps faut-il y répondre ?
Absolument, nous sommes en 2024, dans tous les milieux sociaux les invitations se font par SMS ou whatsapp, excepté pour les grandes occasions… Idéalement, vous devriez rendre une invitation dans les trois à six mois qui suivent. Bien sûr, cela ne signifie pas que vous devez organiser un dîner aussi élaboré que celui auquel vous avez été convié : l’essentiel est de montrer votre gratitude avec une attention sincère.
Quel sera votre petit « plus » cette année sur votre table de fête ?
Une bougie Dyptique « feu de bois » pour souligner le côté festif du moment et rester dans le thème de Noël.